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  • laura roig equey

La bicyclette et le vélo




En francès hi ha dues paraules per designar la bicicleta (bicyclette i vélo). Pel que he llegit, sembla que són sinònims, és a dir que vindrien a significar el mateix. L'escriptor Philippe Delerm, però, en el seu llibre "La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules" escriu el següent text a on juga amb les dues paraules i ens ve a dir que hi ha dos tipus de ciclistes, el que va en " bicyclette" tranquil·litat, passeig, badar, parar, observar, texans, camisa o brusa, bufanda al coll i el que va en "vélo", velocitat, competició, esport, lleugeresa, superació, malles ciclistes fluorescents, calçat de ciclista, casc.

Us deixo aquí el text que trobo molt bonic.



La bicyclette et le vélo

C'est le contraire du vélo, la bicyclette. Une silhouette profilée mauve fluo dévale à soixante-dix à l'heure: c'est du vélo. Deux lycéennes côte à côte traversent un pont à Bruges: c'est de la bicyclette. L'écart peut se réduire. Michel Audiard en knickers et chaussettes hautes s'arrête pour boire un blanc sec au comptoir d'un bistrot: c'est du vélo. Un adolescent en jeans descend de sa monture, un bouquin à la main, et prend une menthe à l'eau à la terrasse: c'est de la bicyclette. On est d'un camp ou bien de l'autre. Il y a une frontière. Les lourds routiers ont beau jouer du guidon recourbé: c'est de la bicyclette. Les demi-courses ont beau fourbir leur garde-boue: c'est du vélo. Il vaut mieux ne pas feindre, et assumer sa race. On porte au fond de soi la perfection noire d'une bicyclette hollandaise, une écharpe flottant sur l'épaule. Ou bien on rêve d'une vélo de course si léger: le bruissement de la chaine glisserait comme un vol d'abeille. À bicyclette, on est un piéton en puissance, flâneur de venelles, dégustateur du journal sur un banc. À vélo, on ne s'arrête pas: moulé jusqu'au genoux dans une combinaison néospatial, on ne pourrait marcher qu'en canard, et on ne marche pas. C'est la lenteur et la vitesse? Peut-être. Il y a pourtant des moulineurs à bicyclette très efficaces, et des petits pépés à vélo bien tranquilles. Alors, lourdeur contre légèreté. Davantage. Rêve d'envol d'un côté, de l'autre familiarité appuyée avec le sol. Et puis... Opposition de tout. Les couleurs. Au vélo l'orange métallisé, le vert pomme granny, et pour la bicyclette le marron terne, le blanc cassé, le rouge mat. Matières et formes aussi. À qui l'ampleur, la laine, le velours, les jupes écossaises? À l'autre l'ajusté dans tous les synthétiques. On naît bicyclette ou vélo, c'est presque politique. Mais les vélos doivent renoncer cette part d'eux mêmes pour aimer - car on n'est amoureux qu'à bicyclette. Philippe Delerm La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules.

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